La crise du crédit va toucher les collectivités locales

Selon une étude de l’agence de notation financière Fitch, près d’un quart des 105 milliards d’euros empruntés par les villes, départements ou régions, l’ont été dans le cadre de prêts complexes dont certains risquent de connaitre une très forte hausse de leurs taux.

Le site du groupe Weka Mondepublic.fr, spécialisé dans les informations sur les collectivités locales, rappelait récemment que les emprunts à taux variables utilisés par la plupart des villes et collectivités publiques, sont toujours très avantageux à court terme, mais bien plus dangereux sur le long terme.

Dans un contexte de désengagement de l'Etat et de remise en cause de leurs financements par la taxe professionnelle, plusieurs villes françaises ont contracté des emprunts importants dont le taux est indexé, "l’un sur le cours de la couronne suédoise, l’autre sur le taux interbancaire de Varsovie"…explique le journaliste Patrick Emourgeon. Quand ce n'est pas sur les parités de change du dollar ou du yen !

Avis de tempête sur la comptabilité des villes

Pour beaucoup de villes, comme St-Etienne ou Bourg en Bresse par exemple, "le montant global des remboursements devient imprévisible". A Saint-Etienne le nouveau maire socialiste Maurice Vincent doit gérer "une situation financière inextricable avec 60% des emprunts constitués de swaps spéculatifs!"

A la SACVL "les fonds toxiques vont coûter les bijoux de famille"

Plusieurs articles parus dans la presse lyonnaise alertent depuis quelques mois sur ces emprunts toxiques contractés à Lyon non pas par la Ville mais par des institutions "paramunicipales". La SACVL (Société Anonyme de Construction de la Ville de Lyon) est régulièrement citée.
L'un de ces articles, qui paraît cette semaine dans "les potins d'Angèle", indique que ces fonds toxiques contractés par la SACVL pourraient coûter à la ville 'les bijoux de famille".

L'Ex député UMP et conseiller municipal d'opposition Emmanuel Hamelin reconnaît que cette société d'économie mixte dont la Ville de Lyon est l’actionnaire très majoritaire, "a développé un modèle original au service de l’aménagement et du logement social". Mais il rappelait récemment, lors d'un conseil municipal, que la SACVL a contracté "des prêts toxiques indexés sur l’Euribor". "L’un d’eux fait peser un risque financier non négligeable : 19 millions d’€ s’il fallait sortir aujourd’hui de cet emprunt". A celà s'ajoute le risque d'une procédure judiciaire engagée par un des prestataires de la SACVL, qui porte sur un montant de plus de 10 millions d’€. ! s'indignait-t-il alors.

Le quartier Grolée transformé en "pôle du luxe"

Au total ce sont près de 30 millions d’€. qui risquent d'être perdus. De l'argent avec lequel on aurait pu construire des logements ou ... "acquérir au moins une partie des immeubles du quartier Grolée dans la presqu'île", ajoute l'ancien député !

Présentation du "quartier du luxe" Grolée par l'agence Sienne le 2 juillet

Ce quartier Grolée fait justement l'actualité.

Rachetés par un fonds de pension américain il y a quelques années, les immeubles de ce secteur très central ont vu leur loyer augmenter rapidement et ont été vidés de leurs habitants et commerces. L'idée des propriétaires, en concertation avec le Maire Gérard Collomb, est de transformer ce secteur en un quartier du luxe, à proximité de l'hostel Dieu, l'hôpital qui sera bientôt réhabilité en ... hôtel cinq étoiles !

Pour réaliser le design de ce nouveau quartier, le fonds de pension a fait appel à une agence de communication très en vogue dans le Grand Lyon. L'agence Terre de Sienne, dont le siège est à Vénissieux, vient en effet de redessiner les tramways à la demande du président du Sytral Bernard Rivalta (voir article de LYon-Actualités). L'une de ses responsables présentait
le 2 juillet 2009 ses projets pour le nouveau quartier, réunis sous le slogan "Up in Lyon". Des projets fort éloignés du logement social !

Gilles Roman

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