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Les visiteurs de la biennale d'art contemporain de Lyon comptent depuis 2009 avec un nouveau lieu d'exposition, idéalement situé sur la place Bellecour, celui de la Fondation Bullukian.
Mais peu d'entre eux connaissent l'exceptionnel destin de l'homme qui a donné son nom à cette fondation, un homme que ses parents ont prénommé Napoléon, ce qu'il considérera toujours comme une chance ayant favorisé son intégration en France. Les arméniens considèrent d'ailleurs toujours ce pays comme "traditionnellement proche".
Né en 1907 (ses papiers français le vieillissaient de 2 ans), le jeune Napoléon était le premier enfant d'une famille aisée. Son père était trésorier payeur général de la ville de Malatia, à la frontière des empires Russe, Perse et Ottoman. Victime du génocide arménien de 1915, ses parents sont tués et il est déporté. A 8 ans, vendu comme esclave à un chef de tribu kurde qui le fera travailler durant quatre longues années comme berger, il se retrouve pieds nus, vêtu d'une simple chemise et accompagné d'un chien errant. Il survivra "en s'accrochant aux pattes des brebis pour les téter en cachette... Leur tirer le lait à la main aurait été trop risqué" racontera-t-il plus tard.
En 1919, au moment de la défaite de l'Empire Ottoman, il réussit à fuir lors de l’arrivée des troupes alliées. Recueilli par le "Near East Relief", une fondation américaine installée à Ourfa, il retrouve quelques membres de sa famille, obtient un peu d'argent pour financer son passage en France, mais se le fait finalement voler par un "agent de change peu scrupuleux".
A seize ans, en 1923, il parvient finalement à obtenir un "passeport d'apatride", rejoint Marseille puis St Chamond où une communauté arménienne occupe des emplois d'ouvriers. Vite intégré dans cette communauté arménienne de France, il obtient différents emplois dans la région lyonnaise (dans les usines Berliet notamment) puis finit par être naturalisé français et fait son service militaire dans la marine.
De retour à Lyon, il devient maçon et se fait très vite remarquer par son extraordinaire capacité de travail. En créant l'entreprise "B. Napoléon" puis en reprenant une société coopérative en "perdition", le ROC, il développe un savoir-faire et fait connaissance d'hommes politiques comme le maire de Lyon, Edouard Herriot, surpris par sa force physique. Il impressionne en effet en réalisant "seul et à la main" le terrassement d'un immeuble qui existe encore, rue du Général Couraud à Lyon 8ème.
De retour à Lyon, il devient maçon et se fait très vite remarquer par son extraordinaire capacité de travail. En créant l'entreprise "B. Napoléon" puis en reprenant une société coopérative en "perdition", le ROC, il développe un savoir-faire et fait connaissance d'hommes politiques comme le maire de Lyon, Edouard Herriot, surpris par sa force physique. Il impressionne en effet en réalisant "seul et à la main" le terrassement d'un immeuble qui existe encore, rue du Général Couraud à Lyon 8ème.
De la maçonnerie à la société d'huiles Astra
Pendant l’Occupation, Napoléon Bullukian participe à la Résistance intérieure française dans le réseau Le Coq Enchaîné fondé par Jean Fousseret. Suite à la guerre et après avoir fait connaissance de nombreux francs-maçons, il développe le ROC, participe à la reconstruction de la ville de Lyon, lourdement bombardée par les américains, puis décide de se diversifier en prenant des parts dans une société de bouchons plastiques.
A la mort de l'actionnaire principal de cette société, Astra, il en devient le patron et continue à diversifier la société qui produira aussi bien des eaux minérales que des huiles, des cosmétiques, des parfums et même des prototypes de coeurs artificiels pour le Professeur Marion, son grand ami. C'est d'ailleurs lui qui lui permettra d'évoluer vers une autre passion, celle de l'art contemporain.
La fondation Léa et Napoléon Bullukian
Suite à la mort de sa femme, Léa, décédée d'un cancer en 1974, Napoléon Bullukian, qui n'a pas d'enfant et plus de famille, fait de la Fondation de France son légataire universel. Avec le professeur Marion, il crée la "Fondation Léa et Napoléon Bullukian" et lui assigne une triple vocation: "Encourager la recherche médicale et en particulier la lutte contre le cancer ; Participer aux œuvres sociales arméniennes ; Encourager les jeunes artistes".
A son décès, en avril 1984, la Fondation de France recueille sa succession, évaluée à plus de 6 millions d’euros. Le legs est constitué d'un patrimoine très diversifié, caractéristique de l’homme d’affaires : entreprise de construction, entreprise de bouchage, distribution d’eaux minérales, collections importantes et prestigieuses de peintures, de sculptures, de médailles et de meubles anciens français et chinois...
D'après l'encyclopédie en ligne Wikipédia, il a laissé derrière lui "plus de 500 tableaux et de nombreux objets d'art" ... Après sa mort, la Fondation de France entreprend de réorganiser le patrimoine "afin d'en simplifier et d'en rationaliser la gestion". Progressivement, les entreprises à activité industrielle et commerciale sont vendues et le patrimoine immobilier restructuré, cependant que la fondation installe ses activités dans les trois domaines choisis par Napoléon Bullukian.
Biographie : Napoléon Bullukian a édité une autobiographie aujourd'hui indisponible, "de l'Ararat à Napoléon", à la Pensée universelle. Une réédition des Editions Lyonnaises d'Art et d'Histoire a été publiée en 2006. La fondation a réalisé en 2006 une belle exposition sur la vie et l'oeuvre de Napoléon Bullukian et édité à cette occasion un livre : "l'exceptionnel destin de Napoléon Bullukian - 1905, Arménie - 1984, Lyon".
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