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Le temps d´une soirée, les cafés Lyon 2013, qui ont pour objectif de faire "bouillonner" la candidature de la ville au titre de capitale culturelle européenne et le café "La Cloche", organisateur de rencontres thématiques, se sont associés pour proposer un débat sur la place de la culture dans les médias lyonnais.
Le sujet, trop vaste, a très vite buté sur les définitions : comment définir le mot culture dans une ville aussi foisonnante que Lyon ? Et qui sont les "médias lyonnais" ? Les invités représentaient Le Progrès, Lyon capitale, France3, mais aussi Euronews, une chaîne européenne du câble dont le siège est à Lyon, et une radio associative, Radio Pluriel, très implantée dans la banlieue Est de Lyon.
Lyon est donc candidate pour accueillir et organiser, en 2013, une série de manifestations d´envergure européenne. Mais il ne s´agit pas, selon les responsables de LYon2013, "de faire mieux ce que l´on fait déjà". La ville compte de multiples institutions, est présente dans tous les domaines culturels avec des théâtres, des musées, une maison de la danse, la villa Lumière (où est né le cinéma). Elle compte aussi des milliers d´artistes amateurs ou professionels et tous les jours les lyonnais ont le choix entre cinq ou six spectacles, qui peuvent aller des musiques actuelles au café théâtre en passant par les théâtres de marrionnettes. Le site portail de la ville de Lyon n´est d´ailleurs pas capable de recenser l´ensemble des spectacles donnés quotidiennement dans les lieux publics, mais aussi les universités, les écoles et même les bars !
Face à ce foisonnement culturel, selon les journalistes présents, deux attitudes sont possibles : faire de l´accompagnement en annonçant les spectacles et en en rendant compte, ou proposer des critiques. Pour Anne Caroline Jambaud de l´hebdomadaire Lyon capitale, la critique disparaît peu à peu des médias grands publics, au fur et à mesure que se développe la lecture des journaux par internet. Son journal, qui s´est pourtant créé sur une forte identité culturelle, est aujourd´hui en crise. Alors que dans les années 90, il pouvait proposer 48 pages d´actualité et un supplément culture, il n´offre aujourd´hui que 16 pages sans supplément ! Et la consultation des compteurs de visite sur internet est terrible : si on met le mot OL, Benzema ou Ben Arfa dans un article, le compteur explose ! Mais si le sujet est culturel...
En fait le rapport entre médias et acteurs culturels peut paraître de plus en plus biaisé. Les producteurs ont besoin d´articles pour étoffer leurs dossiers de presse et ainsi justifier leurs subventions auprès des pouvoirs publics. Et comme l´indiquait Gilbert Landrain, directeur de l´espace Gerson, les pouvoirs publics, eux, ne financent pas un festival si ils n´ont pas la garantie d´une certaine retombée médiatique. Les journalistes sont eux coincés entre le "service marketting" du journal qui négocie la couverture d´événements et leur travail "d´accompagnateur" critique du lecteur dans la compréhension des oeuvres.
Pour Jean Claude Lasalle, du Progrès, il y aurait une solution simple : il faudrait que les pouvoirs publics qui subventionnent les événements culturels, incluent 10% du budget pour les médias. Un budget communication "institutionnalisé" en quelque sorte.
Mais dans cette histoire de gros sous, que vient donc faire la candidature de Lyon pour 2013 ?Plusieurs intervenants se sont insurgés contre cette vision "à l´envers" . Au lieu de se demander que peut nous apporter ce titre, pourquoi ne pas réfléchir à ce que la ville et ses médias peuvent apporter à ce label européen ? Sans prétention, la ville a tout de même une identité forte, faite de 2000 ans d´histoire, de rencontres et de brassage de cultures ; Lyon a été la capitale des Gaules, c´est aujourd´hui un haut lieu de la recherche dans les domaines du son et de l´image, des événements se structurent autour des biennales... Il faudrait peut être que les médias cessent simplement de considérer les budgets culturels comme un gâteau à se partager, pour parler tout simplement de ce qu´ils aiment !
Hervé Laurent, représentant des émissions culturelles de la radio associative Radio Pluriel, animée par des bénévoles, a ainsi rappelé : "sur notre antenne, nous recevons les artistes quand nous aimons ce qu´ils font, parce que leur travail nous a plu ou qu´on a envie de le défendre... pour celà nous leur donnons le temps de s´exprimer, dans des émissions de cinquante minutes". On est loin des deux minutes quotidiennes consacrées au cinéma par Euronews .
Les médias acteurs de la culture
Un sujet peu abordé est celui de la place active que pourraient prendre les médias dans l´activité culturelle. Il fut un temps où au delà d´informer et de communiquer, le rôle des médias était aussi de cultiver et distraire !
Pourquoi ne pas imaginer que ceux-ci prennent aussi une part active dans la candidature de Lyon 2013 ? Ainsi pourrait t´on rêver de voir Lyon, ville qui a vu naìtre le cinéma et se développer une filière des jeux vidéos, apparaître aussi comme une cité de production d´oeuvres de théâtre radiophonique, de sites internets alliant la création visuelle et sonore, de journaux laissant une place à la poésie et aux idées, ou encore de programmes télévisés produits par des artistes...
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