Renault Trucks annonce un trimestre de chômage partiel

Changement de ton ce mardi 10 février à Renault Trucks, qui annonçait un plan de chômage partiel sur "au moins trois mois en 2009".

Alors que la veille encore l'ambiance était à la fête avec le pré-départ du raid Cape to Cape (voir article ), les responsables de la branche française du groupe Volvo organisaient un petit déjeuner de presse pour donner les résultats commerciaux -moroses- de l'année 2008.

Une année en tous points extraordinaire puisqu'elle avait débuté par une forte augmentation des ventes. "Mais nous avons ressenti de plein fouet la crise financière", note Heinz Löw, le directeur de Renault Trucks Europe, qui indique que même si le groupe avait anticipé un cycle bas, cette crise s'est ressentie très fortement, d'abord en Ukraine, puis en Russie avant d'atteindre le reste de l'Europe, "avec les exceptions notables de la Roumanie, de la Suisse et de la Slovénie où les ventes ont continué à progresser" .

Et Frédéric Mouret, directeur pour l'international, d'ajouter : "En Argentine, un autre gros client, les ventes se sont effondrées au quatrième trimestre". Le dernier trimestre a été marqué par une chute spectaculaire des commandes à l'étranger, et malgré des perspectives de développement intéressantes dans des pays comme le Chili, (où la société vient de signer un accord avec un concessionnaire pour commercialiser des camions de pompiers et des véhicules lourds pour les mines de cuivre), 2008 s'est terminée pour l'ensemble du groupe par une baisse des ventes de 4% !

Un investissement sur les "Poids lourds verts"

Renault Trucks investira dorénavant dans le développement durable. Le service Recherche et Développement travaille activement sur le programme qui permettra des réductions de consommation d'énergie. D'autres programmes sont en voie de commercialisation, entre autres dans le secteur des camions-bennes "silencieux", testés actuellement dans le Grand Lyon, un marché qualifié de "prometteur" ou encore dans l'informatique et les logiciels embarqués pour aider à réduire la consommation d'énergie
Camions hybrides, moteurs électriques, programmes de réduction du bruit et des rejets de CO2 , le Poids lourd français se repositionne clairement, en anticipant sur les nouvelles normes, vers la qualité de l'environnement et le développement durable.

Pour Marc Martinez, directeur de Renault Trucks France (photo), "il est évident qu'après l'orage viendra une embellie... C'est pour celà qu'il ne faut pas abandonner un pouce de terrain". Renault Trucks, qui n'a plus rien à voir avec le groupe Renault puisqu'il appartient désormais entièrement à Volvo, a signé un accord avec la régie automobile française pour commercialiser les Trafics.

Face aux réactions protectionnistes des Etats (la Russie par exemple a augmenté de 40% ses droits de douane pour freiner l'arrivée de matériel chinois), l'entreprise a décidé d'ouvrir des usines dans certains pays, "mais pour produire des poids lourds destinés aux marchés locaux" rassure Heinz Löw, pour qui il n'est pas question de parler de délocalisations. Une usine ouvrira bientôt en Turquie, une autre en Russie.

12000 employés en chômage partiel, entre Lyon et Bourg en Bresse
En attendant les jours meilleurs, à Lyon, des mesures drastiques ont été prises avec les sous traitants... de nombreux interimaires n'ont pas vu renouveler leur contrat, tout comme les employés en CDD.

Mais les prévisions 2009 s'annonçant encore plus dures, il est maintenant question d'un plan de chômage partiel. "Celà a été discuté avec la Direction du Travail et les syndicats" indique Marc Martinez. Tous les employés des usines de Bourg en Bresse et 5000 ouvriers, cadres et employés du siège de Lyon (St-Priest et Vénissieux) auront "droit" à ce programme. Sur un trimestre, ils arrêteront de travailler entre 3 et 5 jours par mois, pour un salaire net maintenu d'un peu plus de 90 %. Ceux qui le souhaitent pourront compléter leur salaire en posant des jours de congés payés.

Dans ce contexte, était t'il raisonable de continuer le raid Cape to Cape ? Quelque peu gêné aux entournures, le directeur de la communication n'a pas voulu nous confirmer l'information, qui nous avait pourtant été donnée la veille, sur le coût de ce raid. Difficile de parler de dépenses de com. dans un contexte de crise !

"Bien que nous pensions que ce raid est important pour marquer notre présence à l'international (le Cape to Cape traversera 17 pays NDLR), nous avons décidé de ne pas communiquer sur les questions financières", se raidit Bernard Lancelot.

Une attitude compréhensible dans un contexte de crise, mais risquée vis à vis des employés à qui on indique par ailleurs que le raid est "une grande opération commerciale qui devrait permettre de repositionner le groupe et développer de nouvelles ventes à l'international".