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Le programme "Popsu" (Plateforme d'observation des projets et stratégies urbaines) est coordonné à Lyon par Danièle Valabrègue. Il étudie les opérations d'aménagement de grandes villes françaises (Nantes, Bordeaux, Lille, Lyon, Marseille, Montpellier et Toulouse) en associant dans la réflexion ceux qui "font" la ville et des universitaires, urbanistes, chercheurs en sciences sociales.
Ses travaux donnent lieu à l'édition d'ouvrages dans la collection "La ville en train de se faire" aux éditions Parenthèses et l'organisation de colloques dans chacune des villes concernées. Le dernier en date, proposé par le Grand Lyon les 17 et 18 novembre 2009, avait pour thème "La production de la ville".
Lyon, une ville de Bobos (Bourgeois Bohèmes) ?
Le Grand Lyon est souvent cité en exemple, tant pour son dynamisme économique que pour ses projets (Plan lumière, centre-ville de Vaulx-en-Velin, Confluence...), ses aménagements (berges du rhone et de la saône, pôles d'activités) et les relations établies entre les secteurs privés et publics pour la "construction" du vivre ensemble (pôle humanitaire, Velo'v, projet de grand stade...).
Mais les collectivités locales peuvent-elles maîtriser les villes dont elles ont la responsabilité ? Que peuvent-elles face à des dynamiques économiques et sociales qui intègrent ces territoires dans le système-monde et les déploient à une échelle élargie? Comment réussir aussi à concilier leur développement, préserver leur environnement, assurer leur cohésion et en d'autres termes répondre aux besoins immédiats et futurs de leurs habitants?
La prédominance du "jeu politique" sur les politiques menées
Le livre aborde "les modalités d'action qui sous-tendent la production de cette ville, afin de saisir au-delà de ce qui est effectivement produit, les éléments qui régulent l'action publique et constituent en d'autres termes, une grammaire de l'urbanisme lyonnais". En partant des changements opérés au cours du siècle dernier (l'aglomération est passée officiellement de 117,58km2 et 648000 habitants en 1954 à "un ensemble de 3315 km2 et 1700000 habitants aujourd'hui !") les auteurs livrent leur réflexion sur les mouvements en oeuvre.
Est t-il possible de "maîtriser" les multitudes de réseaux et intérêts mouvants qui font la ville ? A propos de la réforme de l'organisation territoriale, qui fait débat aujourd'hui, les auteurs indiquent par exemple que "les représentants de l'Etat n'ont jusqu'ici jamais pu s'imposer à des élus locaux dont dépendait en large part leur capacité financière, si ce n'est leur carrière".
Mais la fragmentation n'est pas seulement politique : à l'enchevêtrement des communautés de communes s'ajoute celui des compétences administratives. "Préexistentes aux acteurs, elles sont aussi construites par leur jeu...".
Une dispersion des ressources et des connaissances
Paul Boino, qui a dirigé la production de ce livre, indique que cette volonté de chacun des acteurs de préserver ses positions a eu pour conséquence une dispersion des ressources et des connaissances. Ce qui a eu des traductions pratiques dans l'organisation des pôles hospitaliers par exemple.
Pour contourner les difficultés, la stratégie a été la mise en place d'une gestion par projets, mais elle aussi a d'une autre manière pu accentuer la fragmentation : chaque projet évoluant à son propre rythme, les services d'urbanisme ont pu perdre une vision d'ensemble pour se tenir "au service d'opérations singulières". Ce fut le cas à la Confluence par exemple : présenté à l'origine comme le futur pôle de loisirs de la ville, le projet a dû évoluer sous la pression des riverains.
Les investisseurs privés comme "moteurs" des projets de développement
Enfin, le livre aborde la nouvelle définition des rapports entre privé et public dans l'aménagement de la ville. Celà a pris forme dans le neuvième arrondissement (celui où le Maire Gérard Collomb était traditionnellement le mieux implanté) avec "le rôle de locomotive économique et opérationnelle endossé par des sociétés comme Infogrames" pour la création d'un quartier dédié aux technologies numériques. Cette idée de "locomotive privée" se reproduit au Carré de Soie (Vaulx en Velin) et dans une moindre mesure à la Confluence.
Ce livre, fruit d'une longue réflexion, est d'un grand intérêt pour ceux qui souhaitent comprendre comment se "fait" une ville.
Loin des idées reçues ou des fantasmes sur "la toute puissance" des uns ou des autres, la construction de la ville est le fruit de compromis entre des politiques, des industriels et des administrations, mais aussi bien souvent le résultat de rencontres humaines, de mouvements sociaux et artistiques... du pragmatisme enfin des hommes qui se trouvent au centre de la prise de décision. (voir à ce sujet les parties consacrées à l'évolution de la Cité internationale et au projet urbain de la Duchère).
Gilles Roman
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