Gérard Collomb a été réélu Président du Grand Lyon le mercredi 16 avril 2014, dès le premier tour. Rappel des résultats :
M. Collomb a obtenu 92 voix au 1er tour, soit 10 de mieux que la majorité absolue, contre 58 à François-Noël Buffet, sénateur-maire UMP d'Oullins, 2 à Christophe Boudot candidat du Front national et une à Jean-Paul Bret, maire PS de Villeurbanne qui n'était pas candidat. Il y a eu 9 bulletins nuls. Nous vous proposons ici l'intégralité du discours-programme du nouveau Président du Grand Lyon pour les six prochaines années, qui aura la lourde charge de mettre en place la création de la nouvelle Métropole.
"Mesdames et Messieurs les Conseillers communautaires,
Mes chers collègues,
Mesdames et Messieurs,
C’est pour moi une très grande joie et un très grand honneur de
présider de nouveau cette assemblée.
Et je voudrais d’abord vous dire toute mon émotion en ce moment si
particulier où nous allons passer de notre communauté urbaine à la
métropole.
Nous savons tous que, dans les mois qui viennent, un travail
important va devoir être réalisé pour réussir cette transformation qui
marque évidemment une grande ambition pour notre territoire.
Je mesure donc l’ampleur de la confiance que vous m’accordez. Et
je vous en remercie très chaleureusement.
Le rassemblement
Lors de ce scrutin, une majorité de projet s’est constituée.
Un rassemblement qui s’inscrit dans la continuité de l’histoire
récente du Grand Lyon.
J’en suis particulièrement heureux et je souhaite que ce
rassemblement soit, demain, plus large encore.
Car nous aurons besoin de toutes les énergies, de toutes les
sensibilités pour réussir la construction de notre métropole, pour
relever les nombreux défis économiques, mais aussi
environnementaux et sociétaux qui s’annoncent, pour répondre aux
attentes légitimes des Grands Lyonnais.
Je sais qu’un tel rassemblement est possible parce que nous
partageons un même sens des responsabilités, du service public, une
même envie d’agir.
Nous l’avons prouvé par le passé.
Le bilan
En effet, si depuis 2 mandats, notre agglomération a autant
progressé, c’est bien grâce à notre capacité à dépasser les clivages
partisans, à notre sens de l’intérêt général.
Cela nous a permis de résister à la crise, d’aller sans cesse de
l’avant, d’innover, d’inventer. Il faut garder cette volonté-là pour
continuer demain à nous donner les moyens de notre
développement, à accroître notre rayonnement.
Car nous le voyons bien aujourd’hui notre agglomération est
devenue une des métropoles européennes qui compte. L’une des
plus attractives. L’une des plus créatives. L’une des plus innovantes.
Oui, nous avons définitivement changé d’échelle.
Dans le même temps, nous avons aussi fait progresser l’équité
territoriale. Nous avons veillé à ce que chacun de nos territoires,
chacune de nos communes puisse profiter de ce dynamisme global.
Nous avons reconverti les friches industrielles, construit de nouveaux
quartiers, recousu le paysage urbain. Nous avons rénové les coeurs de
quartiers, de villes, de villages pour embellir le cadre de vie des
habitants, pour leur rendre la ville plus facile et plus agréable.
Nous avons ainsi construit une agglomération plus équilibrée, riche
de la diversité de ses territoires.
Une agglomération multipolaire, où les notions de centre et de
périphérie disparaissent progressivement, où chaque commune
valorise ses atouts, ses paysages, son identité, son art de vivre.
Nous avons aussi répondu aux nouveaux défis qui sont ceux de
notre époque : défi climatique, défi environnemental ; et préparé
ainsi l’avenir des générations futures, en mettant en place notre plan
climat, en préservant nos espaces naturels, en valorisant notre
agriculture péri-urbaine.
Oui, tous ensemble, nous avons, ces dernières années, franchi
une étape décisive dans l’histoire de notre collectivité.
Ensemble, nous avons su transformer, avec succès, ce qui n’était au
départ qu’une communauté de projets, en une véritable
communauté de destin.
Ensemble, nous avons donné vie à un modèle lyonnais qui repose sur
un travail partenarial et la convergence de sensibilités différentes.
Un modèle où initiative privée et action publique se conjuguent au
quotidien au service de notre agglomération et de ses habitants.
Un exemple de gestion responsable reconnue où l’investissement ne
se réalise pas dans une fuite en avant.
Cette réussite doit beaucoup à la qualité et à l’implication des élus
que je veux bien évidemment remercier pour le travail accompli.
Elle doit aussi beaucoup aux compétences et à l’investissement des
services du Grand Lyon. Car un des ressorts de la réussite de notre
collectivité, c’est la mobilisation et le talent de ses équipes. Et je
tiens à saluer aujourd’hui leur formidable engagement.
Mes chers collègues, c’est parce que le Grand Lyon est riche de toute
cette histoire que nous sommes aujourd’hui en situation d’en
inventer une autre. Plus ambitieuse encore.
La Métropole, un nouveau modèle, un défi
La mise en oeuvre de la Métropole, en effet, nous le savons,
constitue un formidable défi.
Cette dynamique extraordinaire que nous avons impulsée sera
observée, évaluée, jaugée … Parce que c’est une première !
Parce que nous avons eu l’audace de lancer la réforme que tout le
monde attendait depuis des années !
Parce que sommes des pionniers, des défricheurs d’avenir.
Parce qu’aujourd’hui, c’est à nous d’écrire cette nouvelle Histoire, et
que tout le pays nous regarde.
Quels seront nos grands objectifs ?
Nous maintiendrons d’abord ce qui fait aujourd’hui la force du Grand
Lyon : sa capacité à développer de grands projets, à mettre en place
un système de déplacements performant, à organiser
l’aménagement de notre territoire, à préserver et développer la place
de la nature en ville…
Et la métropole sera, bien sûr, un véritable tremplin pour amplifier
toutes les actions que nous menons déjà.
Je pense au développement et à l’attractivité économique, au
soutien à l’innovation, mais aussi à la protection de l’environnement,
puisque notre territoire s’est placé à l’avant-garde d’une croissance
économique
« verte ».
Mutualisation et proximité
Mais en supprimant une couche du mille-feuilles administratif, la
métropole va nous permettre, dans un contexte de baisse des
dotations aux collectivités, de mutualiser les moyens, d’optimiser
nos marges de manœuvre budgétaire et de garantir ainsi notre
capacité d’investissement.
Elle nous permettra également de repenser l’action publique. Et
quand j’évoque la nécessité de mieux articuler l’urbain et l’humain,
ce n’est pas une formule, mais une philosophie de l’action. C’est
l’idée que la Métropole doit se déployer au plus près des territoires,
au plus près des citoyens, de tous les citoyens. Et pour cela, l’action
des maires dans les communes et dans les conférences territoriales
sera un facteur essentiel.
Car avec la Métropole, nous allons avant tout gagner en proximité.
Dans cette optique, en partenariat avec les Maires, nous engagerons
la déconcentration des services publics vers les communes ou les
groupements de communes. Nous établirons ensemble un pacte de
gouvernance métropolitain, véritable contrat définissant les
compétences, les moyens financiers et humains qui seront délégués par la Métropole aux communes. Cette déconcentration est
indispensable si l’on veut concilier vision stratégique et proximité.
La métropole, les gds domaines d’action
Car quels sont donc, mes chers collègues, ces grands domaines
d’action dans lesquels nous allons être à la fois plus proches de nos
concitoyens et plus efficaces ?
D’abord l’emploi. Aujourd’hui, c’est le Grand Lyon qui pilote les
politiques économiques et l’aide à la création d’emplois, mais c’est le
Conseil Général qui développe les politiques d’insertion. Avec la
métropole, nous mettrons notre connaissance du monde
économique au service de l’insertion. Nous devrons, par exemple,
être capables d’organiser de véritables passerelles pour que les
bénéficiaires du RSA puissent avoir plus de chances de trouver un
emploi.
Ensuite, le logement (une des préoccupations majeures des Français)
et plus particulièrement le logement social. Comme nous
interviendrons à tous les stades, de la production à l’attribution, nous
serons en mesure de mieux calibrer notre offre, de mieux connaître
les destinataires et d’en simplifier l’accès, de construire de vrais
parcours résidentiels.
Construire des logements adaptés, accompagner la dépendance, développer des services innovants :
grâce à la métropole, nous serons en mesure de mettre en place une
politique globale en faveur des personnes âgées et handicapées.
Nous aurons aussi la possibilité de repenser l’éducation dans une
coopération avec les communes pour initier de vrais parcours de
réussite, de la petite enfance aux collèges, pour favoriser l’éducation
artistique au travers de grandes politiques culturelles :
enseignement musical ou lecture publique. Les Nuits de Fourvière, le
Musée des Confluences, le musée gallo romain viendront par
ailleurs compléter notre offre culturelle.
Nous renforcerons la politique de soutien à l’agriculture périurbaine,
jusqu’à présent « partagée » entre le Grand Lyon et le Conseil
Général. Nous serons aussi plus cohérents dans notre politique de
protection de la biodiversité avec la gestion des 38 Espaces Naturels
Sensibles (précédemment gérés par le Conseil Général).
Le calendrier.
Tout cela, mes chers collègues, nous n’allons évidemment pas le
réussir en un jour !
Cela demande du temps. Du dialogue, des concertations.
Nous
aurons sans doute besoin de quatre, cinq, six années. Le prochain mandat sera donc celui de l’apprentissage. Le temps d’un travail de
co-production entre les services, les agents, les élus. Il faudra aussi
que nos concitoyens s’approprient la nouvelle institution.
Telles seront, à moyen terme, les conditions de la réussite de notre
entreprise.
Mais je n’oublie pas non plus que nous avons aussi un impératif à
court terme : assurer la continuité du service public.
Le 1er janvier 2015, nous devrons, en effet, être prêts à répondre à
l’ensemble des demandes de nos concitoyens qui s’adresseront à
nous dans le cadre de nos nouvelles compétences. Pour y parvenir, je
fais pleinement confiance au travail engagé par les services du Grand
Lyon et du Conseil Général.
Conclusion
Efficacité, simplicité pour mieux répondre aux attentes.
Synergies, cohérence, pour inventer de nouveaux services, pour
repousser les frontières de l’action publique.
Changement d’échelle pour peser plus dans la concurrence
internationale, pour rayonner, pour nous développer…
…
Nous avons 6 ans pour réussir.
6 ans pour bâtir une nouvelle forme d’action publique.
6 ans pour dessiner le futur de notre territoire.
6 ans pour inventer l’avenir, car comme l’écrit Bergson, « l’avenir
n’est pas ce qui va arriver, mais ce que nous allons faire ».
Nous réussirons. Ensemble. Nous avons tous les atouts et toute
l’énergie pour cela.
En 2020, l’institution inédite que nous aurons créée permettra à
chacun de mieux vivre, parce que nous aurons fait le bon choix au
bon moment … avant tous les autres. J’en suis intimement persuadé.
C’est pourquoi, vous pouvez compter sur mon engagement, ma
détermination et mon enthousiasme pour porter, avec vous, cette
formidable entreprise.
Je Vous souhaite, je Nous souhaite, une très belle mandature.
Je vous remercie
"
Gérard Collomb
Président du Grand Lyon
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