Les prises de positions des
différents partis lors du débat sur le "Mariage Pour Tous" ont-elles eu un impact
sur le positionnement politique des gays, bis et lesbiennes ? Observe-t-on un renforcement de
l'ancrage à gauche de
cet électorat qui avait clairement exprimé son penchant pour François Hollande au second tour de
l'élection présidentielle ? Mesuré pour la première fois par
l'Ifop en 2011, l'attrait
pour le FN d'une partie des Français affirmant une part d'homosexualité se
confirme-t-il après le refus de Marine Le Pen de participer aux défilés de « La
Manif pour tous » ?
A l'heure où le Conseil constitutionnel vient de se prononcer contre la notion d'objection de conscience pour les maires refusant de célébrer un
mariage homosexuel, l'Ifop publie les résultats d'une étude permettant
d'observer l'évolution
des positions politiques de ces minorités sexuelles au cours des deux dernières
années et plus précisément entre l'arrivée
de François Hollande à l'Elysée (mai 2012) et la promulgation de la loi sur le «
Mariage pour tous » (mai 2013).
Réalisée auprès d'un échantillon national représentatif
de 10 187 Français âgés de 18
ans - dont 615 individus s'identifiant
comme homo ou bisexuel -, cette enquête s'avère, selon l'Ifop, "particulièrement riche en
surprises et en enseignements".
En termes de positionnement partisan, les résultats mettent en lumière trois grandes tendances :
- Les partis de gauche
ne tirent pas profit de leur action en faveur de l'égalité des droits en matière
de mariage et d'adoption
- Les formations de la
droite parlementaire ne pâtissent pas de leur opposition à la loi du « Mariage
pour tous »
- Le Front national
bénéficie chez les électeurs bis et homosexuels d'une dynamique aussi forte que
dans le reste de la population
Le point de vue de
l'Ifop
Contrairement aux idées reçues, la
séquence du mariage pour tous n'a ni vraiment profité aux partis de gauche, ni
renforcé l'engagement politique des personnes les plus
concernées par ce projet. Au contraire, on observe chez les Français affirmant
une part d'homosexualité les mêmes tendances de fond que dans
le reste de la population, à savoir une radicalisation de leurs positions et un
certain désenchantement à l'égard des partis politiques. De même, le fait que la gauche n'ait pas
capitalisée sur la loi Taubira auprès de cet électorat tendrait à
prouver que les positions des partis sur les questions de société n'ont qu'une
importance secondaire dans les choix politiques, les homosexuels ne se
distinguant pas sur ce point du reste de la population. En dépit de certaines
représentations médiatiques, l'orientation sexuelle n'apparaît donc pas (ou
plus) si structurante dans la détermination des comportements politiques.
L'acceptation croissante
de l'homosexualité par la société française - aussi bien dans la vie quotidienne
que dans la législation - n'y est sans doute pas étrangère : les homosexuels ressentent dès lors
peut être moins la nécessité de se mobiliser derrière les partis portant les
revendications politiques de la communauté gay.
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Méthodologie de
l'enquête
Enquête
réalisée du 24 mai au 11 octobre 2013 auprès d'un échantillon de 615 gays, bis et
lesbiennes, extrait d'un échantillon
national représentatif de 10 187 personnes âgées de 18 ans et plus.
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