Urbanisme : le quartier de la Part Dieu devrait prendre de la hauteur

C'est le monde à l'envers ! Dans son livre "La Part-Dieu, le succès d'un échec" ( lire la présentation de LYFtv-Librairie), l'urbaniste Charles Delfante estime que le quartier de la Part Dieu, auquel il a consacré une grande partie de sa vie, a manqué sa vocation de devenir un lieu de vie et un "pôle d'échanges". 

"Pour se remettre dans le contexte des années 60, l'idée générale était de laisser toujours plus de place à l'automobile : grands centres commerciaux, parkings impressionnants, mais aussi peu de place laissée aux espaces publics et aux transports en commun". 

Paradoxalement, l'actuel adjoint (écologiste) chargé de l'urbanisme à la Communauté Urbaine du Grand Lyon, vole à son secours.  "Charles Delfante a une vision trop négative et pour nous La Part-Dieu n'est pas un échec" juge Gilles Buna pour qui les concepteurs ne pouvaient pas imaginer l'exceptionnel développement qu'allait connaître ce  "quartier d'affaires".


Redonner une cohérence au quartier
"Le quartier a mal vieilli, c'est vrai, mais il faut comprendre que plusieurs pôles (immobilier de bureaux, "noeud" de transports, pôle culturel, centre commercial...) se sont développés en se tournant le dos" indique pour sa part le Président du Grand Lyon Gérard Collomb. Pour lui, cinquante ans après la création de la Part Dieu, il faut aider ce quartier  à devenir un vrai lieu de vie, "de jour comme de nuit", en redonnant une cohérence aux différents pôles d'activité.

L'agence qui aura cette lourde charge de "réinventer la Part-Dieu" s'appelle AUC. Après quatre mois d'études, ces architectes et urbanistes ont livré le 30 avril 2010 leurs premières "impressions" et quelques idées que le Président du Grand Lyon semble approuver.

Un quartier qui doit prendre de la hauteur

Comme on le voit à partir de la vue panoramique depuis le toit de la tour Swisslife, le quartier s'est développé selon de fortes lignes Nord Sud (les voies de chemin de fer, l'Avenue Vivier Merle, l'Avenue Garibaldi) avec des cheminements piétonniers rendus très difficiles pour passer d'un pôle à l'autre (gare, centre commercial, lieux culturels comme la bibliothèque ou l'auditorium...). Tout le pari des architectes serait de "casser" ces lignes en facilitant les passages d'un pôle à l'autre.

La première proposition de AUC, qui peut sembler paradoxale, consisterait à densifier la construction tertiaire . "Dans un quartier comme celui-ci, on peut vraiment renouveler la "skyline" et il ne faut pas avoir peur de prendre de la hauteur en construisant de nouvelles tours". La prochaine, la tour Incity, culminera à 200 mètres (bien plus haut que le célèbre "crayon" et la très réussie Tour oxygène, qui vient d'être achevée). Pour les urbanistes, un ensemble de tours peut créer une nouvelle harmonie et l'objectif pourrait être d'arriver à 1,5 million de mètres carrés de bureaux en 2020 ! Dans le même temps, il est possible selon eux de développer une offre de logements dans ce quartier qui en compte très peu. 

Un quartier d'affaires et de transit qui doit devenir un lieu de vie

L'autre "pari" serait de rendre le quartier plus vivant, de jour comme de nuit.  En s'appuyant sur une "diagonale culturelle", ils imaginent créer un cheminement entre l'auditorium Maurice Ravel (au pied du crayon), la bibliothèque de la Part Dieu et la gare. Ce cheminement pourrait passer par les Halles Paul Bocuse et le centre commercial  pour créer de l'animation dans le quartier.

Des transports "doux" et des lieux de  détente

Les urbanistes d'AUC ont calculé que le toit du centre commercial de la Part-Dieu est à peu près aussi étendu que la place Bellecour ! "On pourrait l'aménager et en faire un lieu de vie très intéressant", appuie Gérard Collomb, pour qui l'investissement public ne devrait pas être très important à la Part Dieu.  "La collectivité jouera son rôle", indique-t-il, mais on sait que dans ce type de projets, un euro investi par le secteur public attire trois à quatre euros du privé.
Les investisseurs sont donc invités dès aujourd'hui à proposer leurs projets en élevant leur ambitions en matière de mètres carrés.  

La restructuration de la gare devient une priorité 

L'arrivée à saturation de  la gare de la Part-Dieu, qui est devenue en quelques années le principal centre d'échanges de voyageurs en Europe (lire l'article de LYFtvLyon), pourrait permettre de donner l'impulsion qui manque au quartier. La SNCF, Réseau Ferré de France, la Région, le Grand Lyon et l'Etat planchent déjà sur une solution, peut être souterraine, pour cette gare... Avec la connexion des TGV  de l'Est et du Sud de l'Europe et l'augmentation importante du trafic TER, l'investissement  devient tous les jours plus urgent . Sa transformation dans les prochaines années donnera sans aucun doute une autre image au quartier...

Gilles Roman