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Le Maire de Lyon aime le football, surtout celui qui gagne et fait "rayonner" la ville au delà de ses limites. Mais depuis un an et sa réélection triomphale, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts du Rhône et c'est à un autre sport que doit se livrer le président du Grand Lyon. Celui de la confrontation feutrée avec ses opposants et ses propres "amis" politiques.
Mû par une ambition plus ou moins avouée, Gérard Collomb a décidé de communiquer nationalement sur sa "méthode". Invité de Laurent Ruquier dans "On n'est pas couché" puis de Jean Pierre Elkabach lors du déplacement d'Europe 1 à Lyon, il n'a pas caché son intérêt pour un troisième mandat, voire même pour une participation à la rénovation de la politique nationale et internationale de la France.
Mais ce que l'on voit moins dans les médias nationaux, c'est que depuis quelques mois le maire de Lyon se trouve confronté dans sa propre ville à une opposition de plus en plus frontale, pour l'instant peu structurée mais surtout inattendue.
Une droite défaite et émiettée
Contrairement à ce que l'on aurait pu penser, le réveil n'est pas venu de la droite, aussi défaite et émiettée après la débâcle de Dominique Perben qu'avant l'arrivée de ce dernier dans la "capitale des Gaules". Le Maire a pris soin, lors de la constitution de ses listes, de les ouvrir suffisamment au centre pour que le MoDem lui aussi se retrouve divisé.
Mais ce à quoi il ne s'attendait pas, c'est à une opposition venue de l'intérieur de son propre camp. En interne en effet, on a pu entendre un murmure de désapprobation -vite étouffé- lors de la définition des Vice-présidences du Grand Lyon. Après l'euphorie de la victoire, beaucoup de socialistes historiques ont été écartés, certains alliés écologistes "rétrogradés" comme Etienne Tête propulsé... à la gestion des cimetières...
Ce furent ensuite les élections cantonales et le soutien à un candidat MoDem, Thomas Rudigoz, imposé par Gérard Collomb à son équipe. Un pari couronné de succès mais qui a laissé des traces.
Les critiques se sont faites plus fortes à propos de son soutien sans condition au projet de grand stade (privé mais avec beaucoup d'aides des collectivités locales) de son ami Jean-Michel Aulas ou aux projets des secteurs économiques de la ville (développement d'une vision "entrepreneuriale", priorité de l'économique sur le social, réalisation d'un quartier du luxe à Grolée etc.)
Aujourd'hui, les divergences tendent à se révéler au grand jour avec la fronde de certains élus socialistes qui, comme la maire du 1er arrondissement Nathalie Perrin-Gilbert, non seulement ont fait l'affront à Gérard Collomb de ne pas le soutenir dans sa campagne de "la ligne claire" (pour le leadership du PS) mais se répandent en plus dans les médias locaux pour critiquer sa conception du pouvoir, voire son autoritarisme dans les prises de décision.
Après son échec cuisant pour imposer "son" candidat Thierry Philip sur les listes des socialistes aux européennes, le Maire de Lyon a encore dû "manger son chapeau" quand Martine Aubry a appelé auprès d'elle la même Nathalie Perrin-Gilbert pour la nommer "secrétaire nationale chargée du logement".
Le Conseil Municipal perturbé par les syndicats du personnel
Le dernier conseil municipal, ce lundi 4 mai, s'est déroulé dans un désordre impressionnant. Des représentants du personnel de la ville avaient en effet décidé d'organiser un "concert de klaxons et de sifflets" sous les fenêtres de l'assemblée. Après les agents de la police municipale qui refusent leurs nouveaux horaires, c'était au tour des employés de différents services de dénoncer le projet "Emeraude" . Il s'agit d'un audit interne, porté par l'équipe de Gérard Collomb, qui doit étudier la qualité du service public et envisager la réduction des coûts de fonctionnement. Les syndicats y voient les prémices à "un plan d’austérité, l'externalisation de certains services et la suppression de nombreux postes".
La manifestation "sonorisée" sous les fenêtres du Conseil Municipal
Dans ces conditions, la droite a beau jeu de tenter un certain retour. Lors du Conseil Municipal de lundi, le député Michel Havard (UMP) a fait "un rappel au réglement" et exigé une suspension de séance "pour permettre à son groupe de se reposer les oreilles face à ce brouhaha"*. Gérard Collomb, après une ou deux remarques ironiques sur la division de la droite, a accepté la pause mais demandé à sa majorité de rester en place afin de ne pas perdre de temps... Quelques élus de son groupe, dont Nathalie Perrin-Gilbert, se sont ostensiblement levés... pour se "dégourdir les jambes"...
(*Michel Havard s'est en fait rendu avec un groupe d'élus de droite auprès des manifestants pour leur apporter son soutien)
Gilles Roman
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